samedi 25 février 2012

Monsieur LUBLIN (suite n°II)

Monsieur Lublin s’était pris, au milieu de l’année scolaire, d’un attachement paternel pour l’un de ses élèves, Boudry, le benjamin de notre classe, un garçon frêle, la physionomie fine, dont la voix n’avait pas encore mué. Boudry avait, suivant l’expression consacrée, « du mal à suivre ». Notre professeur s’était soudain mis en tête de le faire progresser et recourait pour cela au plus efficace des procédés qui consistait à multiplier les occasions de lui mettre de bonnes notes. Il s’ingéniait à découvrir des qualités insoupçonnées à son protégé et lui faisait régulièrement la promesse de le soutenir au prochain Conseil de classe « parce que vous faites des efforts et que vous méritez d’être encouragé, Boudry ». Autrement dit, il avait un faible pour notre jeune camarade et ne se privait pas de l’interpeller comme on s’adresse à un enfant, pour s’octroyer un moment de détente à l’entendre parler. Il l’interrogea une fois sur la contenance des navires de je ne sais plus quelle flotte napoléonienne en le blaguant avec bienveillance et en lui posant des questions embarrassantes dont lui-même ne savait pas la réponse.

– À votre avis, Boudry, l’équipage d’une frégate se composait de combien d’hommes ? Quel nombre de nœuds le bâtiment filait-il en moyenne à l’heure ? Combien de pièces d’artillerie comportait un vaisseau-amiral ?

L’objet de cet interrogatoire décontracté était, on s’en doute, totalement étranger à la matière qui faisait la leçon du jour. Monsieur Lublin observait avec aménité Boudry qui se défendait comme il pouvait, debout sur l’estrade, dans la posture du condamné. De temps en temps notre professeur recouvrait son sérieux pour exiger de nous : « un peu de silence, voyons ! » Le manège se poursuivit pendant la durée d’un quart d’heure ; puis Lublin, mis en joie par l’embarras de sa victime, récompensa celle-ci par l’octroi d’un dix-sept sur vingt dont on pouvait se demander à quoi il correspondait au juste.

Une autre fois, au début d’un cours, il remarqua Boudry qui pénétrait dans la salle de classe avec un air rembruni. Il s’enquit auprès de lui de la cause de sa tristesse.

– On m’a pris ma pochette, Monsieur ! répondit le chouchou en reniflant. Il portait en effet depuis peu de temps cet accessoire vestimentaire, violemment bariolé et harmonisé avec une cravate du même acabit. Son dandysme précoce avait fourni une cible facile à la plaisanterie qui l’avait si fort chagriné. Lublin prit la situation en mains avec l’autorité dont il aimait à faire montre dans des circonstances futiles.

  Allons ! Qui a pris la pochette de Boudry ?

Le coupable se dénonça sans trop se faire prier. C’était Nunez, un grand diable qui portait un faciès de beau ténébreux monté sur un cou interminable ; la régularité des traits en moins, il rappelait le type du portoricain campé par Chakiris dans West Side Story. C’était un bon camarade qui nous en imposait dans une certaine mesure car nous le soupçonnions d’avoir une vie plus mûre et plus aventureuse que la nôtre. Il était d’ailleurs mystérieux sur cet article réservé de sa personnalité. Mais la rumeur voulait qu’il fréquentât les bals du samedi soir et qu’il eût déjà l’expérience et la liberté d’initiative d’un homme indépendant ; il laissait filtrer quelques bribes de sa connaissance du monde au hasard de ses conversations avec nous, dans lesquelles il manifestait une supériorité que nous n’aurions pas songé à lui disputer. Aimant la plaisanterie et sachant d’ailleurs la manier, il avait le don, peu partagé à l’âge que nous avions, de garder son sérieux en toute circonstance.

– C’est vous Nunez ? Vous pouvez être fier de vous ! Rendez immédiatement sa pochette à Boudry, voyons ! Vous n’avez rien de mieux à faire que de dérober les affaires de vos camarades ?

Monsieur Lublin réprouvait vivement ces mauvaises manières et nous le fit comprendre en quelques mots bien sentis ; et, non sans malmener à l’occasion les principes fondateurs du communisme babouviste qui lui tenaient pourtant tant à cœur, il conclut à l’adresse du fautif : « Il serait temps, Nunez, qu’à votre âge vous ayez le sens de la propriété individuelle ! »

Monsieur Lublin, comme un professeur d’histoire consciencieux qu’il ambitionnait d’être, et conformément au programme de notre niveau d’étude, consacra quelques heures de son enseignement à nous donner un aperçu de la civilisation française au XIXe siècle ; il y déployait des intuitions si fulgurantes que, sans risquer de me méprendre ni de les dénaturer, je suis encore capable aujourd’hui d’évoquer quelques unes d’entre elles.

Je me souviens ainsi d’une confrontation quasi-biblique entre David et Goya… Le grand peintre espagnol sortait vainqueur de cette joute, servi par la puissance suggestive de son art et par la noirceur de son réalisme. David, en retour, nous était présenté comme un mannequin académique, drapé dans les plis d’un péplum amidonné. Ne s’était-il pas commis avec le tyran [Napoléon] après avoir célébré la Révolution française ? N’avait-il pas dessiné le costume criard du premier consul ? Malgré tout, un délicat portrait de femme au visage parfaitement ovale trouvait grâce aux yeux du redoutable critique. Il nous en montra la reproduction depuis son bureau ; des sifflements et des clameurs élogieuses fusèrent depuis nos bancs. Outragé dans son respect des arts plastiques, Monsieur Lublin menaça d’arrêter là ses explications si nous ne nous décidions pas à nous conduire autrement que « comme des enfants ».

Le deuxième assaut opposait Delacroix à Ingres. Cette offensive, pour des raisons analogues à celles qui avaient valu à Goya de l’emporter sur David, se soldait de façon prévisible à l’avantage de l’auteur de La Mort de Sardanapale. Ingres, étranger aux contorsions révolutionnaires de Delacroix, n’était, dans l’échelle des critériums de Monsieur Lublin, qu’un tenant attardé du classicisme.

Nous eûmes droit, en littérature, à quelques mots élogieux sur Balzac. Ah, Balzac !... lisez-le, c’est tout un univers ! La Comédie humaine... C’est le plus grand romancier du XIXe siècle.

Nous ne devions pas en apprendre beaucoup plus sur ce chapitre. Lublin fut cependant ébahi par le peu de belles lettres qui composait notre bagage.

– Quand j’étais en troisième, en seconde, je me souviens : nous avions lu tout Molière, tout Racine, tout Corneille. Il y avait Proust aussi… Proust ! Ce sont des choses qu’il faut connaître. Et moi, je n’étais pas comme vous dans une section littéraire !

(à suivre)

vendredi 17 février 2012

Monsieur LUBLIN (suite n°I)

Cette analyse synthétique de l’histoire, Lublin n’en était pas l’auteur ; il l’avait apprise sur les bancs de la Faculté, et rien n’aurait pu l’en faire démordre, pas même son tempérament flegmatique, rétif au changement pour peu qu’il requît de sa part quelque effort, lui qui semblait, pour cette raison, si éloigné de la contention robespierriste dont il nous vantait les vertus sans pareilles.

 De son modèle de grand homme découlaient un lot d’axiomes indéniables qui émaillaient ses cours d’histoire, se combinant et se divisant dans des figures enchevêtrées et évolutives qui les rendaient semblables - la complexité en moins - aux leitmotivs d’un opéra wagnérien. Je cite au hasard : « l’humanité évolue vers un plus grand état de socialisation » ; « les aristocraties en milieu urbain émigrent vers l’ouest » ; « les utopies participent du progrès » (du moins celles qui vont dans le sens de l’histoire). Comme Monsieur Lublin, en dehors de son vade me cum historique, avait pris garde de ne s’ancrer dans aucune conviction particulière et que ses dispositions d’esprit étaient généralement débonnaires, les fièvres du fanatisme, par bonheur, ne risquaient pas de l’étouffer.

Lors de notre composition d’histoire du deuxième trimestre je m'étais rabattu sur certaines connaissances que j’avais tirées de la lecture du livre de Pierre Gaxotte sur la Révolution Française qui figurait dans la bibliothèque de mes parents : la coloration politique de l’historien, bien qu’elle fût à l’opposé des convictions de notre professeur, ne l’avait nullement indisposé. Le livre de Gaxotte m’avait fourni une espèce de cadre général pour traiter le sujet de notre interrogation écrite dont le libellé tenait en un seul nom : Robespierre, sans plus de précision sur l’optique dans laquelle il nous fallait l’aborder. Au-delà de l’ambiance dont Gaxotte brossait un tableau bien contrasté, j’avais préparé cette composition d’histoire en consultant la veille, dans le dictionnaire Larousse, l’article « Révolution française » qui malheureusement était trop ramassé pour que je pusse en retenir grand chose. L’esprit fermé aux subtilités de la haute politique, je n'arrivais pas à distinguer entre Girondins, Montagnards, Feuillants et Jacobins pour m’en tenir aux principaux partis à l'honneur, ni à concevoir les différences qui les séparaient, et moins encore à comprendre les attributions des assemblée constituante, comité de salut public, commune, convention et autres organes de la représentation populaire ou régalienne dont les compétences propres me restaient absolument hermétiques. Le mystère ne s’éclaircissait qu’après le Directoire... Je jetai donc dans ma dissertation les maigres bribes qui me restaient du récit de Gaxotte pour donner un tour que je voulais profond à mon exposé et boucher les trous d’un savoir plus que nécessiteux. « Provincial ambitieux, avocat familier de l’éloquence et rompu à la vie des clubs, Robespierre réunissait en lui les qualités qui devaient, dans une période troublée, etc. ». J’évitai de parler trop précisément de la doctrine du grand révolutionnaire, ne sachant pas trop si ses idées tranchaient sur celles de ses devanciers en faveur d’institutions centralisées ou s’il penchait au contraire pour la décentralisation des pouvoirs, à moins qu’il ne préférât les concentrer ou n’inclinât au contraire à leur déconcentration  ? Aucun de ces termes n’ayant pour moi de sens défini, j’avais décidé de miser sur un habile parallèle entre Robespierre et Napoléon, tout à la gloire du premier : une apologie de l’homme d’Arras, dont le lyrisme devait suppléer à l’imprécision du propos.

Comme cela s’est vérifié un jour pour chacun de nous, mon ignorance me servit plus en l’occurrence que si j’avais eu un avis étayé à exprimer. Beaucoup de mes camarades, croyant qu’il leur fallait témoigner de leurs connaissances sur la terreur et sur ses principaux protagonistes, avaient donné tête baissée, nous expliqua ultérieurement notre professeur, dans le hors-sujet. Or m’étant naturellement limité à un portrait apologétique de Robespierre (soigné, intransigeant, de mœurs rangées, courtois avec les femmes) j’étais parmi les seuls de la classe à n’avoir pas dévié vers une chronologie de la Révolution dont les diverses strates n’avaient d’autre effet que de noyer sous un amas de détails et de considérations secondaires la place centrale qui revenait au héros du 10 Thermidor. Un 14 sur 20 et la place de second vinrent sanctionner de façon positive le bon esprit de mon devoir. Monsieur Lublin ne cherchait pas midi à quatorze heures ; la qualité de notre travail tenait pour lui à la fidélité avec laquelle nous reproduisions les vérités premières dont ses cours étaient imprégnés. S’il traitait ses élèves sans faiblesse, son but n’était pas pour autant de sévir. Il lui arrivait bien sûr de se lamenter, comme ses collègues, sur notre médiocrité par rapport à nos condisciples de C (les sections scientifiques) qui raflaient des 16, 17 et 18 sur 20 comme s’il en pleuvait. Chez nous, le maximum était 15 – et c’était évidemment Plichon qui, seul, parvenait à réaliser ce score. Mais d’une façon générale notre médiocrité n’affectait pas le  moral de notre professeur.

Lublin était drôle, mais son comique opérait malgré lui, provoqué par son allure et ses réactions, et en aucune manière par son humour dont les manifestations restaient très rudimentaires. Il avait un goût marqué pour le calembour qui n’aurait rien eu de déshonorant, surtout à destination d’un parterre de lycéens de quinze ans, s’il ne s’était répandu en jeux de mots tellement éculés ou tarabiscotés qu’il ne pouvait exciter notre hilarité qu’à ses dépens. Certains d’entre nous se contentaient de s’amuser de ses saillies et de la satisfaction avec laquelle il les assénait ; d’autres exagéraient un ricanement aspiré et chuintant, sshh, sshhh, ssshhhh !, pour simuler, à l’échelle de la classe, un petit rire approbateur et complice qui n’était jamais aussi réussi que lorsque ceux dont il émanait gardaient un masque impassible, comme s’il leur avait fallu s’acquitter d’un devoir d’obséquiosité étranger à leurs sentiments véritables. Fier de nous avoir divertis, amusé lui-même, Monsieur Lublin nous demandait avec ingénuité et indulgence : – Vous ne l’aviez jamais entendu, celui-là ? Il est pourtant connu… « N..non » répondaient poliment les premiers rangs.

Un exemple : pendant une interrogation orale sur le climat méditerranéen, celui d’entre nous qui avait été appelé au tableau, devait énumérer les éléments de la flore méridionale. Parmi eux : le cyprès. Lublin l’interrompit d’un geste. « Et les si-loin, ça vous dit quelque chose ? » coupa-t-il en jubilant, avec l’expression de convoitise que prenait son sourire dans ces moments-là. Sa joie était si visible et l’à-peu-près tellement faible que la classe se divertit pendant plusieurs minutes. Mon voisin Lejeune fut pris d’un fou-rire qui ne contribua pas peu à égayer les esprits. Lublin nous regardait, étonné d’avoir déclenché une telle bourrasque, flatté de voir au premier rang notre camarade riant aux larmes.

L’esprit dégagé de Monsieur Lublin, on l'aura compris, n’excluait cependant pas le respect des valeurs dites traditionnelles. Il balançait sans inquiétude du premier aux secondes, dans un climat de complète inconséquence.

(à suivre)

samedi 11 février 2012

MONSIEUR LUBLIN

La qualité la plus saillante de Monsieur Lublin était d’être sympathique. On aurait vainement cherché un meilleur trait de sa nature pour le décrire plus complètement. Parce que sympathique, il l’était de toute évidence, par sa décontraction, sa bonne humeur et une manière de sincérité dont le ton ingénu dégageait un charme communicatif. Il déambulait avec souplesse, quelque chose de bondissant dans la démarche. L’agrément de sa personne venait de ce qu’elle diffusait une idée reposante, sinon d’harmonie du moins de tranquillité morale ; on sentait derrière sa psychologie plane, une conscience paisible, apte à adopter sans détour comme sans complication les us et modèles de tout milieu ambiant disposé à l’accueillir, en en ignorant les aspirations, les efforts et les thèmes de ralliement qui au fond lui indifféraient. Sa sérénité légère agissait comme un philtre apaisant… Il donnait l’impression d’être toujours à son aise, intimement conformé à son être flexible, et heureux d’un bonheur détaché, hors d'atteinte de la réalité.

À cette époque Monsieur Lublin approchait de la trentaine. Au physique, je revois sa silhouette mince, élastique plutôt qu’élancée. Il avait ce qu’on appelle un sourire en cul de poule dont l’expression gourmande flottait sur sa physionomie, indépendamment sans doute des dispositions d’humeur auxquelles il paraissait correspondre. Qu’il arpentât l’estrade ou qu’il s’adossât à son fauteuil professoral sommairement constitué d’une tubulure en métal, d’un dossier, d’accoudoirs et d’un siège en bois contreplaqué vernis, il était détendu et comme chez lui. Rien ne pouvait lui faire perdre contenance, ni ses lacunes ni ses erreurs, ni l’entrée d’un inspecteur de l’Education nationale s’il y en avait eu un pour se risquer à l’entendre faire cours. Son naturel avait un accent tellement naïf qu’il en prenait une valeur comique ; sans s’en rendre compte, il nous livrait le spectacle des dernières représentations du jeune homme qu’il ne serait bientôt plus, fantaisiste, la mine agréable, souvent rieur, faisant son numéro sans cabotinage dans un genre bon-enfant.

Il serait cependant inexact de croire que Monsieur Lublin nageait sans cesse dans la béatitude. Il lui arrivait de rallier l'étiage moyen du genre humain auquel le rattachaient quelques pulsions essentielles et de se trouver parfois chagrin, mais rarement il est vrai. Ces accès de contrariété revêtaient chez lui un tour si spontané, pour ne pas dire bénin, que nul de ses élèves n’aurait songé à s’en inquiéter : autant sa nervosité dans ces moments de bref découragement semblait disproportionnée à la cause vénielle qui l’avait certainement provoquée, dont l’importance devait être infime, voire inexistante, autant elle s’effaçait sans laisser de trace ; un mot, un incident suffisait à la dissiper.

Monsieur Lublin était en classe de seconde notre professeur d’histoire et de géographie. Il affichait un grand respect pour sa matière et en s’aidant de ses notes écrites, et grâce à ses capacités d’improvisation, il nous enseignait le programme de l'année à peu près aussi bien que ses collègues plus laborieux. Il n’en était pas moins, malgré un concours d’agrégation obtenu en bonne et due forme, un puits d’ignorance avouée. D’autres que lui, d’une complexion moins équilibrée, se seraient ingéniés à le cacher ou, par forfanterie, l’auraient au contraire exhibé comme la preuve de leur originalité. Lui, manifestait sans pose sa méconnaissance d’une discipline où l’érudition est pourtant souvent de mise, sans paraître même soupçonner qu’on pût être plus savant qu’il ne l’était. Il louvoyait à travers les dates, les climats et la typographie glacière avec une désinvolture souple qui signifiait qu’il n’avait aucune gêne à reconnaître qu’il s’était trompé. Il acceptait en effet fort bien qu’on le reprît ; il lui arrivait même de suspendre ses explications ou l’exposé de sa leçon pour s’interroger sur la date d’un évènement connu. Je me souviens d’une fois où, après avoir hésité à plusieurs reprises sur l'année de l’Edit de Nantes, il la demanda à Plichon, notre premier de classe, qui la lui indiqua aussitôt.

Quand il apportait ses notes de géographie en ayant cru prendre celles d’histoire, plutôt que de faire son cours de mémoire il décrétait le changement de matière et nous enseignait la géographie. Sans ses feuilles, il était perdu. Il consacrait, selon lui, l’essentiel de ses activités à l’étude des archives de la région. À l'en croire, il passait sa vie à feuilleter, classer, déchiffrer des grimoires, des actes, des registres antédiluviens relatifs au passé mirmontois. Il faisait fréquemment allusion à ses recherches comme à la tâche unique qui occupât son temps.

Révoltes des manants contre collecteurs d’impôt, renseignement industriel sous Napoléon, courbes du marché des oléagineux pendant la terreur, les sujets sur lesquels il se penchait ne devaient guère passionner que lui. Il se présentait comme un fouilleur, un fouineur pour qui le professorat n’occupait qu’un rang secondaire. On l’aurait compris s’il avait été savant. Mais dégagé de tout comme il l’était, je n’ai jamais pu concevoir comment il pratiquait sa chasse aux documents, sauf le secours de la providence pour pallier sa placide insouciance.

Pour les idées générales, Monsieur Lublin s’en tenait à quelques principes de fond, empruntés à l’air du temps, qu’il exposait sans imaginer qu’un esprit sensé pût leur dénier le statut d’une évidence primale. Les constantes de sa pensée, pour nous ses élèves, n’étaient pas trop difficiles à pénétrer. En voici les principales orientations :

1) Le roi Louis XVI était le résidu d’un régime périmé, fondé sur l’injustice sociale et l’obscurantisme des clercs.

2) Avec la Révolution de 1789 la France puis l’Europe sortent d’une léthargie millénaire ; l’édifice lézardé s’effondre. La République pose ses assises sur l’Egalité et la Liberté (commerce, industrie, propriété, travail etc. sont enfin libres.) Un homme personnifie l’ampleur de ce renouveau : Maximilien Robespierre, l’Incorruptible. Il bat le linge sale de la royauté ; il instaure le culte rédempteur de la Raison. Hélas, le XVIIIe siècle finissant se détourne des spéculations ratiocinantes du pacte social pour subir les premières atteintes de la démesure romantique. La Fraternité, déjà mise à mal par les Capet refluera bientôt : l’usurpateur corse,  trahissant le pavé du Paris libertaire, pose les jalons d’une nouvelle aristocratie. Non loin de là Babeuf, génial et méconnu, fomente dans l’ombre une doctrine communiste annonciatrice de la première internationale et du destin prodigieux qu’allait connaître en Europe la démocratie totalitaire un siècle et demi plus tard. C’était, n'en doutons pas, une époque passionnante dont les caractéristiques avaient tout pour plaire à Monsieur Lublin et à ceux de sa famille d'idées.

3) À partir du premier empire, tout va à vau-l’eau. Les réalisations de Napoléon, telles la promulgation du code civil et l’élaboration du règlement intérieur de la Comédie française, étaient l’œuvre de conseillers talentueux dont le despote s’est injustement approprié les mérites. Monsieur Lublin sait que le Buonaparte ne brillait pas par des dispositions spéciales, et proscrit l’imagerie d’une légende napoléonienne fanfaronne destinée à tromper les âmes simples.

(à suivre)

samedi 4 février 2012

Une soirée chez les Achard (1972)

 
 

Je suis reçu ce soir-là chez les Achard dont le fils, Laurent, a été comme moi lycéen à Boileau mais jamais dans les mêmes classes, même avant de prendre des voies divergentes à partir de la seconde, lui en C et moi en A. Un camarade de Laurent que je connais peu, Fourrier, lui aussi un « scientifique » issu comme nous du lycée, est de la fête, accompagné de sa grande sœur qui, elle, suit ses études en faculté de lettres avec Jeanne, la fille aînée des Achard.

Le repas, comme je le pressentais, est anémique, couronné par l’inévitable plat de petits pois qui semble, en fait de garniture, concentrer tout le savoir-faire culinaire de Madame Achard. La non moins rituelle charcuterie industrielle vendue sous cellophane - formule universelle de la gastronomie Achard - préside aux agapes : on aura compris que les Achard ne sont pas de ces impudents qui se plaisent à charger l’estomac de leurs hôtes. Au demeurant la famille Achard que je connais depuis ma onzième année me réserve un accueil bienveillant et même plutôt chaleureux. Madame Achard a le bas du visage couvert de rougeurs, d’importantes plaques d’irritation lui remontant jusqu'aux joues.

Monsieur Achard vient de se voir décerner la légion d’honneur pour ses activités d’expert comptable, commissaire aux comptes. Je l’en félicite, mais lui, après avoir écouté mes paroles avec jubilation, affecte de n’attacher aucune importance à sa décoration : – Comme il a bien dit cela ! Merci, Louis ! Puis avec une désinvolture étudiée, il me fait remarquer qu’il n’a pas encore fêté l’évènement en famille et que notre présence aux Fourrier et à moi crée une occasion toute trouvée de déboucher une bouteille de champagne.

Avant de passer à table Monsieur Achard à qui Fourrier a bien imprudemment confié son intention de lire la Bible, se lance dans un exposé exhaustif des difficultés qu’on rencontre à se jeter sans entraînement dans une aussi périlleuse entreprise. Selon lui, qui suit justement des cours de Bible depuis plusieurs années, il est nécessaire de posséder un minimum de connaissances d’hébreu et de respecter un ordre de lecture totalement différent de la composition du Livre. Pour finir il va chercher dans sa bibliothèque un ouvrage de vulgarisation indispensable à la compréhension des textes saints. (Quinze ans plus tard, Madame Achard continue d’approfondir ses connaissances exégétiques aux côtés de son mari ; elle me confiera alors avec un mélange de componction et de fierté, que l’enseignement qu’elle suit lui est dispensé par un jésuite « très avancé », adepte de « la théorie des deux Abraham »…)

Pendant le repas, Monsieur Achard formule plusieurs plaisanteries sur les décorations en général et assure que leur obtention est pure affaire de relations et de mondanités. Je lui fais observer que depuis que de Gaulle est président de la République la légion d’honneur, sous son impulsion sans doute, est moins libéralement octroyée qu’elle ne le fut du temps de ses prédécesseurs. – C’est vrai, concède Monsieur Achard que flatte mon propos. Mais il reprend dans la ligne de ce non-conformisme dont il aime à se parer : – Je vais vous choquer, Louis, mais au fond je n’attribue aucune importance aux décorations.

Je réprime un sourire : sa croix d’honneur lui procure un plaisir si vif que voilà une heure ou deux déjà qu’il tente en vain, par souci d’élégance, de nous convaincre qu’il la considère avec détachement, comme un libre penseur méprise les hochets de la considération sociale... Son opinion iconoclaste ne risque d'ailleurs pas de troubler qui que ce soit parmi ses hôtes de ce soir : aucun de ses jeunes auditeurs n’est en âge de prétendre à une décoration quelconque et, comme il est de mode en cette seconde moitié du vingtième siècle de refuser ou de piétiner les distinctions dont on vous gratifie, qui songerait à s’étonner que Monsieur Achard qui vit avec son temps suive aussi sur ce plan-là le courant général ? Je lui réponds cependant en lui citant la pensée de Vauvenargues qu’il vaut mieux encore mériter les honneurs que les mépriser et j’ajoute que s’il a mérité sa légion d’honneur il peut légitimement en être fier. Il ne trouve rien à y objecter.

Tandis que nous sirotons une liqueur douçâtre, la conversation tombe sur Le Goanvic qui a quitté le lycée Boileau pour remplir je ne sais quelles fonctions dans un institut culturel implanté dans la région mirmontoise.

 J’apprends la véritable cause de son départ. Officiellement, Govo, déçu par la désagrégation scolaire qui suivit le mouvement de mai 1968 auquel il avait un moment adhéré, avait préféré s’écarter d’un enseignement dont il réprouvait un peu tard les voies hasardeuses. (Le Goanvic prêtant sa voix doucereuse et ses manières patelines à la révolution lycéenne, lui qui, sous des dehors cajoleurs, se sentait une telle supériorité sur ses élèves qu’il l’étendait jusqu'à la sphère morale… ne doit-on pas y voir un phénomène à classer parmi les paradoxes de l’égalitarisme soixante-huitard ?...) Or ce fut à la suite d’une mésaventure très particulière que Saint Le Goanvic opéra sur le plan professionnel une reconversion qui coïncida sans doute avec l’abjuration de ses erreurs idéologiques.

Il avait organisé dans l’année qui succéda à celle de 1968, un voyage scolaire comme il avait accoutumé de le faire depuis quelques années à Boileau. Ces sorties étaient l’occasion pour les gamins de chahuter grossièrement dans le car, de se crotter à chercher des fossiles et des fers-de-lance dans les carrières de Corbeille en Ferrière et accessoirement d’assister à un ou deux spectacles à Gourmes. Cette fois là Le Goanvic dont les goûts procédaient en matière dramatique d’un éclectisme décousu mais compréhensible à qui connaît son œuvre cinématographique, avait choisi d’offrir à ses élèves le Rabelais de Jean-Louis Barrault dont le succès était retentissant. Jean-Louis Barrault venait d’accéder au rang de martyr national pour s’être fait éjecter du théâtre de l’Odéon en représailles des complaisances révolutionnaires qu’il avait affichées en mai. Replié dans une ancienne salle de boxe de la capitale, il remplissait chaque soir les gradins de son théâtre de fortune d’une foule de bourgeois qui venaient chercher au contact du grand exilé la sensation de résister courageusement à une répression de l’esprit dont ils n’avaient rien à redouter. La musique de scène spécialement composée par Michel Polnareff, alors très en vogue, et la crudité du spectacle faisaient le reste. Le seul perdant dans l’entreprise était François Rabelais dont le génie donnait lieu sur scène à une confuse et absurde mascarade où dominaient grossièreté et plaisanteries salaces dans le goût supposé de l’auteur de Pantagruel.

Grâce à sa taille de métropole régionale, Gourmes avait la capacité d’accueillir la troupe nombreuse du Rabelais-Barrault qui y donnait une série de quatre représentations, cette fois dans un gymnase habituellement ouvert à des matchs de handball. Le Goanvic, en vrai professeur de français qu’il était, n’allait pas manquer une si bonne occasion d’assottir ses élèves et surtout de dégoûter les meilleurs d’entre eux d’un des écrivains majeurs de leur pays.

 Mais au lieu d’assister bouche bée aux aventures de Gargantua, de Panurge, du juge Bridoye et des pensionnaires de l’abbaye de Thélème, illustrées avec art par la troupe de Jean-Louis Barrault, les lycéens exprimèrent bruyamment leur envie de se délasser par des lazzis, des cris et des injures à l’adresse des comédiens. Quoique le Rabelais fût un essai de spectacle total, lequel, comme on sait, requiert la participation active du public, il est probable que Le Goanvic blâma son équipe de collégiens en goguette et qu’il les sermonna pour leur conduite turbulente et la gêne occasionnée aux autres spectateurs, sinon aux artistes eux-mêmes. Les lycéens, échauffés par le comique dru et les sous-entendus lascifs du spectacle, n’allaient pas manquer de prendre leur revanche sur le pédagogue rabat-joie dont les admonestations avaient sans doute relevé encore le sel de la représentation : pendant toute la durée du retour en car entre Gourmes et Mirmont, Le Goanvic fut copieusement insulté par la génération sur laquelle avait passé le souffle libertaire du gauchisme dont lui-même avait espéré un fertile renouveau. Affront impensable à mon époque encore récente, il se vit appliquer par la horde déchaînée des qualificatifs blessants qui faisaient allusion à son inexpérience des femmes et à son incapacité de leur plaire. Sidéré, Le Goanvic, le père du style copain-copain, s’interrogea longuement pour savoir s’il devait saisir ou non le Conseil de Discipline du lycée des offenses qu’il avait endurées. Il y renonça, sans doute moins par générosité – il n’en avait guère  lorsque son amour propre était en cause – que par peur du ridicule. Il savait qu’en ébruitant l’affaire il provoquerait les commentaires sournois, voire malveillants, d’une majorité de ses collègues et mobiliserait les rieurs contre lui. Il se tut sagement ; tout porte à croire que les protagonistes de l’équipée Rabelais ne se souviennent plus à l’heure qu’il est des épithètes de « haute graisse » dont ils avaient affublé leur mentor le temps d’une course nocturne entre Gourmes et Mirmont.

À propos de Le Goanvic, Monsieur Achard avec une verdeur d’expression nouvelle chez lui (les enfants grandissent, on peut parler en adulte…) signale : – Jean-Luc, il aurait fallu le jeter dans les bras d’une pouffiasse pour le dégeler un peu !

Oui. Mais à voir son triste facies d’hydrocéphale, n'est-ce pas la fille qui eût risqué d’être transie ?

vendredi 3 février 2012

Le G.A.L.C. (suite n°V)

Il y eut deux représentations des Précieuses (pour parler à la façon des élèves du conservatoire d’art dramatique de l'époque qui disaient aussi : Badine lorsqu’ils nommaient le chef d’œuvre de Musset…). Je participai en qualité d’éclairagiste à la seconde représentation qui eut lieu au théâtre d’Issel, à une quinzaine de kilomètres de Mirmont. Quand nous revînmes le soir dans le train de banlieue brinqueballant, nous nous réfugiâmes au fond du wagon, Dubois sortit sa guitare de son étui et, en s’accompagnant, nous chanta Memphis Tennessee tandis que nous roulions dans la nuit. Noël s’annonçait par des illuminations qui brillaient par taches dans le lointain ; les fêtes étaient distantes de nous d’une semaine. Bercé par la ballade mélancolique, je savourai une bouffée de liberté et de poésie nouvelle pour moi, qui me semblait annonciatrice d’un avenir énigmatique et sensible, à l’image du long cheminement du lonesome rocker décrit par les paroles inspirée de la chanson de Danyel Gérard.

La comédie suivante fut Monsieur de Pourceaugnac. Singulière idée, pour l’autorité lycéenne, d’avoir jeté son dévolu sur cette pièce bien faite pour exciter le mauvais goût d’une troupe de jeunes comédiens amateurs en mal d’effets comiques et de vraie originalité... Le résultat fut à la hauteur du risque pris.

Le G.A.L.C. ne se préoccupait pas que de théâtre ; il couvait aussi un ciné-club aux activités erratiques, qui proposait le spectacle de quelques films classiques, pour ne pas dire rebattus, pendant l’année. Nous vîmes dans ce cadre Le Carrosse d’or de Renoir. Lenormand, notre professeur de français de troisième qui se flattait d'être un cinéphile passionné, nous commenta ce film dans le registre tonitruant et excessif qui était habituellement le sien en faisant le plus grand cas de son rythme alangui, et de ses décors en carton-pâte et de sa pellicule aux coloris criards. La classe entière s’était considérablement ennuyée pendant la projection mais pour des motifs si peu en rapport avec la médiocrité du spectacle que je fus aussitôt tenté, adoptant le point de vue inverse, de découvrir à l'œuvre de Renoir des intentions incomprises du commun. Ma contrariété une fois calmée j’en revins à une plus juste idée critique du film qui ne méritait pas mieux que l’indifférence méprisante dans laquelle les cancres de la classe, non prévenus par la lecture des Cahiers du Cinéma, s’étaient sentis autorisés à l’accueillir. Un Condamné à mort s’est échappé, eut plus de succès auprès de nous. Il caressait en chacun de ses jeunes spectateurs un vieux rêve d’escapade qui nous emmenait loin des murs du lycée Boileau et nous délivrait pour un temps d’une tutelle dont nous ne voyions pas la fin. Cela nous valut un sujet de composition française traité dans le prolongement du spectacle et centré sur la maxime de Guillaume d’Orange « il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer » que nous dûmes soupeser. Lenormand qui doublait ses attitudes fanfaronnes d’une philosophie bravache de l’action et de l’énergie (il se vantait d’avoir pris un jour inopinément la route de Colmar avec épouse et enfants dans ses bagages pour assouvir une brusque envie de revoir le retable d'Issenheim exposé à quelque cinq cents kilomètres de chez lui, et d’avoir fait l’aller-et-retour en voiture pendant le temps d’un week-end), Lenormand avait trouvé dans la formule du prince d’Orange le concentré des qualités de caractère qu’il rêvait d’incarner.

Nous vîmes aussi Madame de de Max Ophüls ; Le Père tranquille qui raconte l’histoire d’un bourgeois de province conformiste et poltron, confronté à l’occupation allemande, dont le spectateur découvre avec surprise qu’il est en réalité le chef des réseaux de résistants de toute la région. Monsieur Holleau, notre professeur d’histoire-géographie de troisième, qui avait auprès de ses élèves la réputation d’être affilié au parti communiste, nous fit part de son opinion selon laquelle Le Père Tranquille de Noël-Noël, hé bien, non, lui n’appelait pas cela « un bon film sur la résistance ».

Quand je quittai le lycée en 1968, il y avait belle lurette que le G.A.L.C.allait à vau-l’eau. La fête de la Bruyère ne s’était pas remise du départ de Monsieur Vildaquet, appelé à poursuivre sa carrière à la tête d’un prestigieux lycée parisien. Ni MIRUS ni L’AGORA n’existaient encore. Les clubs avaient disparu.

Pendant les évènements de mai 1968, Le Goanvic fut de ceux qui soudain se targuèrent de comprendre le « problème des jeunes » dont la veille encore ils ne soupçonnaient pas l’existence, et qui, abasourdis par le fracas ambiant, voulurent discerner du bon dans les propositions inconsidérées qui fusaient de toute part. Il confessa par la suite s’être trompé lorsqu’à la rentrée de 1969 il vit de quelle monnaie on s'apprêtait à le payer de son ouverture d’esprit [voir ci-après « Une soirée chez les Achard »]. L’idée ne lui était jamais venue que les ferments de la révolution pourraient bouleverser la tranquillité de son magistère dès lors qu’il ne serait plus protégé par l’armature d’un ordre conservateur dont il avait sous-estimé la grâce efficace, croyant que l’autorité qu’il exerçait de manière mielleuse et insinuante sur ses élèves ne devait rien qu’à son rayonnement personnel.

Le dernier souvenir que je puis raconter sur Le Goanvic je le dois à Florentin qui, en 1969, assista à une soirée Poésie organisée par les élèves de terminale de Boileau. Le Goanvic était présent dans la salle, mais vexé de ce que personne n’eût voulu accepter ses conseils, non plus que ceux de ses collègues, d’ailleurs. Les professeurs avaient été tenus à l’écart de cette manifestation. Le récital terminé, Le Goanvic critiqua amèrement les intermèdes comiques glissés par les récitants entre les poèmes. Florentin qui l’entendait se répandre en commentaires aigres, décida d’y mêler son grain de sel en le contrant avec un flegme d’autant moins simulé que le fond du débat le laissait indifférent : c’était pour le simple plaisir de discuter. L’auteur de L’Amitié n’a pas de prix supporta très mal qu’un inconnu vînt lui battre la controverse.

 « Bon, si vous voulez du cabaret, bien sûr ! » s’exclama-t-il avec colère en tournant les talons devant Florentin intérieurement satisfait de son effet.

Cette ultime phrase me paraît conclure mieux que je ne saurais le faire les développements qui précèdent sur les œuvres et les actes aujourd’hui bien oubliés du G.A.L.C. ; je m’y tiens, d’accord en cela avec l’Histoire qui depuis n’a rien révélé de neuf sur la galaxie culturelle du lycée Boileau ou sur son champion, Le Goanvic – si ce n’est que la tradition cabaretière n’est jamais loin lorsque l’Enseignement décline de mot « culture ».