dimanche 18 août 2013

L'abbé Galipeau (suite n°VI)

Je n’avais pas assez estimé la susceptibilité de l’abbé. Cette mise au point n’était pas de celles dont il conseillait la pratique (par exemple entre un mari et une femme dans des séances hebdomadaires qui leur permettent de se concerter sur l’évolution du ménage, ou encore dans le cadre de forums périodiques destinés à faciliter les échanges des parents avec les enfants sur les grandes options du foyer…)

Bien que l’auteur de cette lettre n’eût que dix-huit ans, ce qui en relativisait la portée au sein d’une société en ébullition où tout un chacun avait, par principe, le droit de prendre librement la parole, la missive fit sur notre aumônier l’effet que produirait une bombe au beau milieu d’un congrès pacifiste.

(Je reviens en quelques mots sur Blandin. Ce garçon était le rejeton d’une famille très croyante ; sa mère, veuve depuis quelques années, fut atterrée de voir le bouleversement qu’avait opéré en lui son année de philosophie. Deux billes brillantes en guise d’yeux dans une physionomie ingrate, l’air de guetter toujours on ne sait quoi, le sourire évocateur d’un rictus batracien, les cheveux courts et hirsutes, Blandin était un garçon malingre et nerveux. Très bon élève, il monta à Paris préparer l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Il y consacra son temps à lire et à penser au bénéfice de la Révolution. Victime d’un accident de la route il y a peu, il a perdu un œil et a failli devenir aveugle. A partir de cet évènement les voies de la providence lui ont fait recouvrer la foi catholique qu’il avait perdue, et l’ont écarté du militantisme politique qui l’absorbait. Il enseigne depuis la philosophie, ou peut-être l’histoire-géographie, à l’institution religieuse Sainte Cécile de Mirmont.)

Je connus le retentissement de mon courrier adressé à notre aumônier, par mon camarade Mercier qui m’accosta un jour à la Faculté de droit par un : « Il paraît que tu as écrit une lettre à Galipeau », à quoi il s’empressa d’ajouter : « il était furieux… » Puis il me cita une réflexion de l’abbé selon laquelle j’étais bien parti pour occuper une place de choix dans le répertoire encyclopédique de l’ignominie. J’eus vent encore de mon brûlot épistolaire par Camille Germont qui, sur le rapport de son frère Adrien, familier de l’abbé Galipeau, jugeait en hochant la tête : « Quand même tu y as été fort ! » Tout cela me donna une idée des réactions provoquées par ma lettre de justification dont je n’eus jamais d’échos plus directs.

Il me reste pourtant un dernier fait à relater.

Ma sœur Alice, plusieurs années après, tomba par hasard dans la sacristie de Sainte Marthe sur un individu replet, en blouson, portant un col roulé et une volumineuse écharpe autour du cou, qu’on lui désigna comme étant l’abbé Galipeau. Reconnaissant le nom de mon ancien aumônier, elle s’en approcha, se présenta à lui et lui demanda s’il n’avait pas eu son frère Louis comme élève au lycée Boileau. « Oui, je connais ! » maugréa l’abbé pour toute réponse, en replongeant le nez dans son bréviaire. L’entretien était clos. Alice comprit que l'ecclésiastique ne lui donnerait pas de congé plus civil, et se contenta de tourner discrètement les talons. Une chose paraissait certaine, l’abbé Galipeau, malgré le temps passé, n’avait toujours pas digéré notre échange de correspondance… Peut-être y a-t-il repensé longtemps encore avec rancœur…

Notre entrevue de 1968 fut la dernière. Un jour j’appris que la mort l'avait délivré des tourments de la condition humaine à laquelle il était si peu fait, et que la providence, clémente comme elle l’est envers le plus grand nombre, n’avait pas repoussé trop loin l’heure de l'en affranchir. Déjà vieilli, l’abbé Galipeau avait cessé ses fonctions d’aumônier de lycée ; il exerçait son sacerdoce dans une paroisse bourgeoise à l’extérieur de Mirmont, dont il était le curé.

Avait-il changé depuis Boileau ? S’était-il enfin endurci contre les épreuves de la vie cléricale ?

Je ne saurais le dire. Mais aujourd’hui, lorsque je m'efforce de le retrouver en pensée, comment l'imaginerais-je autrement que rendu à sa vocation éternelle, et jouissant pour toujours des félicités d’un monde bienheureux où ni rumeur, ni dépêche, ni pli ne vous parvient jamais des vivants ?

jeudi 15 août 2013

L'abbé Galipeau (suite n°V)

J’enchaînai – et c’était là le nœud le plus délicat de mes explications – par l’insuccès de son ministère. Je m’étonnai qu’il eût déploré les évènements de mai 1968 alors que la casuistique morale qu’il nous enseignait (le libre examen de conscience, la recherche de l’épanouissement personnel, le mépris des conventions, le refus des devoirs s’ils ne s’imposent pas comme un besoin, l'obligation de se "remettre en cause"…) annonçaient les grands thèmes de la contestation qui avait agité les esprits pendant ce mois de mai explosif. Lui et ses collègues prêtres, quand ils étaient imbus de principes analogues, avaient sarclé le terreau dans lequel les révolutionnaires, dont la plupart récusaient jusqu’à l’idée d’une religion, n’avaient plus eu qu’à semer le grain et à le récolter ; ils avaient beau jeu à présent de larmoyer devant la subversion qu’ils avaient eux-mêmes favorisée en amendant les vérités professées par l’Eglise.

J’énumérais à titre d’exemple les élèves assidus de l’abbé qui, au cours de la seule année 1967/1968, avaient insensiblement évolué du catholicisme à visée sociale jusqu’au matérialisme dialectique le plus intègre. Je ne me contentais pas d’une synthèse toujours sujette à discussion ; je dressai la liste des noms. Si ce recensement ne devait rien apprendre à mon correspondant qui ne pouvait ignorer la conversion de ses anciens fidèles, du moins cette manière détaillée me dédouanerait-elle du grief d'avoir procédé par voie de généralisation à partir d'un ou deux cas isolés. Je m’attardais sur l’exemple de Blandin dont je traçais un bref historique.

De famille catholique, Blandin était un garçon très croyant et pratiquant. Au début de notre année de philosophie il ne se cachait pas d’être un Galipeauphile convaincu. Je crois me souvenir qu’il avait fait avec notre aumônier un camp de Corrèze. Il chantait ses louanges avec un enthousiasme sincère, professait une grande estime pour sa personne et ses conceptions. En octobre, novembre il conservait cette même position, avec un raisonnement directement sorti de la boîte à surprises de l’abbé. « Moi je ne suis pas de gauche ; mais j’admire les gens qui sont en même temps catholiques et de gauche, déclarait notre camarade ; je trouve ça, vois-tu, vraiment courageux ! » En janvier, Blandin prenait déjà du recul par rapport à notre aumônier ; il en venait à le traiter comme un type sympathique mais en retard sur à peu près tous les courants novateurs de son temps. Quand il y faisait allusion dans une société d’esprits aussi évolués que le sien, c’était avec le rire entendu qu’on réserve au simplet du village. Il avait réalisé son rêve, jugé cependant inaccessible quelques semaines auparavant, de devenir « catholique de gauche »... Deux mois plus tard, en mars, Blandin appartenait cette fois à la gauche tout court, et même à l’extrême bord de celle-ci, la gauche révolutionnaire et athée. Le pauvre abbé Galipeau ne bénéficiait plus pour lui d’aucun prestige, et si son nom, par surprise, tombait dans la conversation, son cas était aussitôt réglé par quelques commentaires acerbes et méprisants, sans autres formes de procès. Je rappelais dans ma lettre à l’abbé que notre professeur de philosophie, Vincent Cantet, n’avait pu si bien marquer de son sceau notre classe de terminale que grâce au concours actif des jeunes catholiques qui composaient son public : ceux-ci n’avaient aucune raison de refuser leurs généreux suffrages à un communisme révolutionnaire d’essence castriste ou maoïste dont les premières réalisations prophétisaient une ère de bonheur universel. Je soulignais encore à l’intention de l’abbé Galipeau que parmi les garçons inscrits à ses cours d’éducation religieuse, les lycéens qui avaient pris de la distance avec son enseignement étaient les mêmes qui s’étaient ensuite gardés des dogmes de la contestation soixante-huitarde : les Delabre, Cardon et quelques autres.

Il avait obtenu ainsi, concluais-je, le résultat paradoxal de s’être aliéné ses anciens fidèles devenus hostiles à la cause de l’Eglise, et, les ayant désavoués, de donner raison à ceux de ses anciens élèves qui n’avaient jamais reçu son enseignement qu’avec les plus grandes réserves. J’achevai mon épitre en l’assurant de mes respectueux sentiments et en le priant de ne voir dans les pages qui précédaient que la volonté de me justifier envers lui dès lors qu’il avait mis mes intentions en doute.

(à suivre)

lundi 12 août 2013

L'abbé Galipeau (suite n°IV)

Le grand œuvre de l’abbé Galipeau était la création d’un foyer installé à deux pas de Boileau, dans un quartier pauvre et insalubre. Aucun désagrément à cette occasion ne lui fut épargné ; le financement de l’opération était précaire ; les étudiants africains qui y louaient des chambres à un prix avantageux, se reprochaient leur appartenance à des ethnies différentes ; la salle du bas avec la table de ping-pong attirait les gamins du voisinage. Les lycéens venaient y sécher les cours et y traînassaient dans un climat de liberté prédélinquante. Echappant à la surveillance du lycée et du cercle familial, ils y apprenaient à fumer et à s'injurier. Au premier étage les plus âgés venaient lire Le Monde et les grands hebdomadaires de la presse politique. On ne pouvait y placer un tronc en vue d’une collecte philanthropique (pour soutenir les populations du nord-Vietnam ou remédier à la famine dans tel pays sous-développé…) sans le retrouver fracturé ou au moins allégé de son contenu, lequel servait alors à alimenter la caisse des juke-boxes et des flippers des bars les plus proches.

Quand j’eus décroché mon bac, l’abbé Galipeau m’envoya une lettre dactylographiée dans laquelle il formait le vœu qu’à l’approche de ma vie d’adulte, je reste fidèle à la voie qu’il s’était efforcé de nous enseigner. Nous étions au mois de juillet 1968. Il soulignait dans son courrier que, bien qu’ayant remarqué mon « hostilité » à son égard, hostilité, précisait-il, que je n’avais cessé de lui marquer, il se faisait néanmoins une obligation de prendre congé de moi en me prodiguant ses encouragements. Le terme d’« hostilité » m'imputait, avec une feinte indulgence, l’exclusive responsabilité d’un manque d’affinités ou d’une opposition qui pouvaient avoir eu des motifs plus sérieux qu’une animosité irréfléchie ou systématique de ma part ; cette façon de s'exprimer me déplut. Je n’avais, il est vrai, jamais ressenti beaucoup de sympathie pour la personne de notre aumônier ; mais, quant à ses idées, même s'il  m’était arrivé de m’en écarter, le doute ou le désaccord qu’elles m’inspiraient ne provenaient certainement pas d’une inimitié instinctive que j’aurais cultivée contre l’homme. J’étais prêt à lui reconnaître les circonstances atténuantes du scrupule, des bonnes intentions et du désir de bien faire, mais il ne m’était pas possible, malgré tous mes efforts, de l’honorer de l’admiration amicale qu’il attendait du rayonnement de son ministère, aussi respectable fût-il. Je répondis pendant l’été par une carte postale qui lui annonçait une lettre pour plus tard.

En octobre ou novembre 1968, il m’arrivait d’être présent au lycée Boileau à l’heure de la sortie pour y retrouver mes amis Florentin et Desclous qui y faisaient leur terminale ; pour moi, j’attendais la rentrée de la faculté de droit, qui tardait à la suite des désordres de mai. Je tombai ainsi nez à nez avec l’abbé Galipeau un jour où je me tenais aux abords immédiats du grand portail du lycée. J’étais assez honteux, je dois l’avouer, de ne pas lui avoir écrit comme je m’y étais engagé, conscient que je n’avais d’autre excuse à invoquer que ma paresse. Notre aumônier se montra néanmoins aimable et, pour paraître attacher quelque prix à ma personne, me rappela qu’il espérait toujours la lettre en réponse que je lui avais promise.

Ce mot il le reçut peu après, aux environs de Noël, et le retentissement qu’il eut sur lui dépassa la mesure prévisible. Mon propos pourtant n’avait pas été de le heurter mais simplement de lui fournir les explications qu’il souhaitait. Je ne puis citer littéralement les termes de l’explosive missive, dont je n’ai pas conservé de copie, mais sa teneur était à peu près celle-ci :

 J’indiquai en premier lieu à mon correspondant que le vocable « hostilité » m’était apparu inapproprié sous sa plume, pour caractériser de simples divergences d’opinions ou de sensibilité, et j'ajoutai me prévaloir de la liberté d’expression tant prônée par les catholiques pour exposer en quoi mes points de vue différaient des siens. Je m’empressai d’user du mot « dialogue » auquel l’abbé, féru de colloques, de séminaires et de tables rondes, ne pouvait que trouver un caractère agréable et familier. Passé cette introduction, j’attaquai le sujet. Je notai la stérilité des discussions entre catholiques, leur fatuité, leur parti pris d’élévation plaqué sur des préoccupations résolument profanes ; le mépris qui en ressortait pour toute vocation mystique, présentée désormais comme la négation de la personne et le résidu de la crédulité ; l’abandon des grandes directions de la vie spirituelle dictées par la grâce.

Faire de l’observance religieuse le vade-mecum de la contemplation de soi, l’orienter vers une méthode de décontraction mentale doublée d’une doctrine paresseuse et conciliante du conservatisme en politique, c’était, expliquai-je, refouler le testament chrétien au statut d’une quelconque philosophie d’entraide sociale, d’un dispensaire de soins antidépressifs ou d’un réseau d’assistance publique. Préférer les moyens humains à la « cité céleste » promise par les Ecritures, c’était édifier la Babel dont la chute avait été de tout temps prédite... Telle était à peu près mon entrée en matière. L’abbé Galipeau, tourné en esprit vers les choses de la terre auxquelles - il faut lui rendre cette justice - il ne comprenait à peu près rien, aimait, dans le respect concret d'un monde en ascension, s’élever contre la citation, d’ailleurs largement passée de mode, de la parole du Christ : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Si, s’exclamait-il, justement, le royaume des chrétiens est de ce monde !... Pensée hardie que ratifiait l'opinion générale et, particulièrement, celle d’Albert Camus dont nul n'aurait songé à discuter l'autorité.

(à suivre)

mercredi 7 août 2013

L'Abbé Galipeau (suite n°III)

Sur le coup, en effet, l’étonnement les avait empêchés de réagir. Mais une semaine plus tard, ils sommaient l’abbé de se rétracter. Celui-ci ne se souvenait plus des paroles qu’il avait proférées pour soutenir son argumentation et se crut l’objet d’une calomnieuse cabale. En règle générale, il supportait très difficilement la contradiction. Outré de notre insistance, il quitta la salle de classe et suspendit les cours d’instruction religieuse qui ne devaient pratiquement plus reprendre avant la fin de l’année scolaire (1966/1967). Personne ne s’en plaignit et il n’y eut que Cardon pour émettre quelques réserves sur l’issue de la controverse. Pacifique de caractère et éduqué dans le respect scrupuleux de l’institution ecclésiastique, notre camarade finit par affirmer de bonne foi que Galipeau n’avait jamais dit rien qui approchât les propos que nous lui prêtions. Lui, qui au début avait adhéré sans réserve au tollé général, racontait ensuite l’épisode avec une indulgence amusée ; sans doute le point de vue de ses parents dont il suivait aveuglément les avis, était-il pour quelque chose dans cette interprétation rassise et conciliante des démêlés de l’abbé.

Pendant l’année de terminale, fatigués des truismes humanitaires qui s’y débitaient, nous fûmes plusieurs à cesser de fréquenter les cours d’instruction religieuse. Ce fut le cas de presque tous les élèves qui conservaient encore une vague idée d’une religion axée sur la piété et le recueillement. En revanche nos camarades marxistes et athées, forts de leur premier bagage de philosophie, s’y pressaient pour y affûter leurs armes de dialecticiens novices dans des joutes doctrinales imposées à l’abbé Galipeau qui dut passer à cet exercice de bien désagréables moments.

L’abbé Galipeau était dévoué comme le voulait son état, mais, prompt à la déception et au découragement, il réservait ses qualités de dynamisme et de compréhension à un petit groupe assez resserré de jeunes catéchumènes dont les parents, engagés dans l’action catholique ou le scoutisme, formaient une société aux mœurs bourgeoises en même temps que discrètement militante. C’est lui qui organisait la communion solennelle du lycée Boileau dans une chapelle habituellement désaffectée dont l'arcature gothique menaçait ruine. L’entreprise n’était pas mince. Pour la retraite de trois jours qui précédait la cérémonie, un autre prêtre venait le seconder. Je me souviens que ce prêtre dont j’ai oublié le nom fut des tous premiers, dans les années 60, à tomber le vêtement sacerdotal et les insignes qui étaient censés en tenir lieu. Chargé de diriger notre retraite, il commença de la sorte son sermon d’ouverture :

– Je sais que la plupart d’entre vous n’irez plus à la messe d’ici quelques mois, voire dès le lendemain de votre profession de foi ! Alors, si vous voulez sortir, parce que tout cela ne vous intéresse pas, je vous engage à le faire et à vous en aller, car c’est le moment !

Je me suis toujours interrogé sur le bienfait pratique ou sur le profit moral qu’un directeur de retraite pouvait attendre d’une entrée en matière destinée à épurer l’assistance en l’invitant à  se retirer massivement… Le prosélytisme chrétien des origines était bien passé de mode ! Dans la France bouleversée de l’après-guerre, le clergé s’était vite convaincu que le « petit reste » annoncé par les écritures ne serait jamais aussi vite rassemblé qu’à coup de sélection naturelle, en laissant s’éteindre le peuple des croyants, jugé trop tiède et globalement trop peu éclairé dans sa foi. Sous ce rapport l’abbé Galipeau s’occupait de « recollections » qu’il consacrait à des thèmes de réflexions aussi urgents que l’interdiction par la censure du film de Rivette, La Religieuse (Problème : a-t-on le droit de censurer ? Solution : oh non !) Il organisait pour les grandes vacances des « camps de Corrèze » qui s’implantaient dans des fermes et avaient la prétention d’éduquer les paysans par l’exemple. Les jeunes campeurs participaient à leurs activités agricoles et s’employaient, par leur serviabilité et leur bonne humeur, à leur présenter l’image la plus édifiante possible du christianisme.

Le surplus des activités pies du groupe s’échelonnait sur la méditation des évangiles, les colloques et les distractions. Assez rapidement les filles furent invitées à partager les joies de cette existence communautaire et il est probable que l’esprit général, assez austère dans son principe, s’en soit trouvé modifié. Adrien Germont avait participé à plusieurs de ces camps et, ancien adhérent des Jeunesses étudiantes chrétiennes, était prédestiné à les apprécier.

– Les gens qu’on y rencontre sont vraiment très intéressants me disait-il en parlant des habitants de la campagne, sûr que cette appréciation contredirait mes idées les plus assurées.

Lui-même appliquait par là le premier commandement de la nouvelle doctrine chrétienne qui prétendait découvrir à tout propos des gens « passionnants », « riches », « profonds », « authentiques », surtout dans les lieux où ce type de créatures n’a pas la réputation d’abonder. Ils multipliaient les diagnostics admiratifs, comme le visiteur du zoo s’ébahit de voir les singes réussir des tours qu’il croyait accessibles au seul génie humain. Les singularités d’un individu étranger à la société à laquelle ils appartenaient, dès lors qu’ils s’arrogeaient le mérite d’avoir découvert sa retraite, les persuadait d’avoir débusqué une personnalité sans précédent, avec laquelle il ne leur restait plus qu’à nouer « des rapports enrichissants », profitables à leur propre perfectionnement.

(à suivre)

mardi 6 août 2013

L'Abbé Galipeau (suite n°II)

Le père Cottret était tellement poursuivi par les représentations de la luxure qu’il les évoquait le plus souvent dans un langage abrupt, pour ne pas dire brutal. S’il évitait l’argot le plus ordurier, il y mettait néanmoins si peu de formes qu’il avait été obligé, l'année précédente, de quitter l’institution Sainte Marthe de Mirmont dont il avait scandalisé la population féminine. Les collégiennes de cet établissement, effarouchées par la franchise de son vocabulaire et par la netteté de ses visions, s’étaient plaintes auprès de leurs parents et avaient réussi à le faire flanquer à la porte. On peut supposer qu’un public de filles dont certaines étaient déjà adolescentes, avait tout pour exaspérer les paroles de l’abbé Cottret et le rendre d’autant plus incisif : il fit tant et si bien qu’il s’attira l’étiquette sans doute exagérée de « corrupteur de la jeunesse ».

Je demeure persuadé qu’au secret de lui-même, cette appellation le flattait car il ne se privait pas de raconter sa mésaventure qui, dans un certain sens, attestait la vigueur, sinon l’efficacité, de sa pédagogie (comme on dit d’une création intellectuelle qu’on ne peut y rester insensible : ou on aime ou on déteste !) La réputation sulfureuse dont il se parait si volontiers, lui reconnaissait comme un lien lointain avec cette île Cythéréenne à laquelle il lui était impossible d’accoster. Le renom d’incitateur à la débauche que la pudique maison Sainte Marthe lui avait décerné, lui conférait un droit à ces terres du dévergondage qui aimantaient sur elles tous les fluides de  son imagination. Son attitude provocante, il la justifiait auprès de nous en arguant de son mépris des formules hypocrites, et de la nécessité de débusquer de front les tentations de la chair. Son esprit était si naturellement tourné vers ces sujets qu’étant un jour tombé par hasard sur un quatrain obscène composé par un de nos camarades dans le registre scatologique qui correspondait à notre jeune âge, il lui attribua une signification libidineuse que son auteur aurait été bien incapable de concevoir, et fit grand bruit pour s’offusquer de cette « saleté » avec une grimace horrifiée dont aucun de nous ne comprit la raison. Une autre fois, il reçut pour un entretien particulier deux de nos camarades, Duval et Gamblin, qui avaient demandé à le voir en privé pour lui soumettre des cas de conscience imaginaires. Les dilemmes auxquels les intéressés se prétendaient confrontés, s’ils n’avaient été inventés pour les besoins de la cause, auraient révélé de leur part une vie affective bizarrement aventureuse pour des lycéens menant la vie uniforme des populations sédentaires de Boileau. Le père Cottret leur prodigua quelques conseils judicieux après avoir écouté leur confession avec indulgence. Sur quoi, quand il les croisait ensuite dans le lycée, il leur faisait un grand signe de la main en les honorant d’une complicité réjouie et en claironnant à leur adresse un roboratif : « Bonjour, jeunesse ! »

C’était au fond un homme bon ; il devait être assez malheureux des mouvements antinomiques qui se disputaient sa nature, mais avait le mérite, peu fréquent après tout, de ne s’en prendre à nul autre qu’à soi.

L’abbé Galipeau n’avait pas à affronter les mêmes difficultés. Il partageait le service de l’aumônerie du lycée avec le père Cottret, sans exprimer de tourment intérieur, en s’appuyant tout bonnement sur les fiches imprimées qui traitaient à notre intention du Sens chrétien du corps. Il ne semblait pas que cette question se posât à lui autrement qu’en termes abstraits, pour les besoins de son enseignement. Quelques données banales de psychologie féminine – les filles attachent plus d’importance que les garçons à la célébration des fêtes et des anniversaires et quand elles font des cadeaux, elles les choisissent non pas en fonction de leurs préférences propres mais pour satisfaire les goûts de celui à qui elles les offrent –, quelques consignes pratiques pour la mise au point d’un programme matrimonial axé sur la prière et l’échange, voilà ce qu’il nous en est resté… Nous avions surtout compris que nos parents n’avaient pas eu de chance d’avoir des fils alors que des filles, ornées d’une fibre humaine qui nous manquait, les eussent véritablement comblés. Malgré les rudiments de caractérologie dont notre catéchisme faisait bon usage, le divorce et les déchirements familiaux qui marquèrent ensuite l’ensemble de notre génération, prouvèrent à leur manière que nous avions eu quelque raison de nous méfier de la compétence des prêtres pour régler dans ses manifestations quotidiennes l’entente de nos futurs ménages.

Malgré le peu de sympathie que l’abbé Galipeau nous inspirait, nous étions quelques fidèles à suivre toujours ses cours d’instruction religieuse en première ; mais au dernier trimestre de l’année scolaire un incident, anodin en apparence, mit le feu aux poudres : notre aumônier, poussé dans ses derniers retranchements, avait déclaré dans le feu d’une discussion qui nous opposait à lui que, devant Dieu, de Gaulle et Hitler, pour avoir chacun provoqué des morts injustes, étaient aussi coupables l’un que l’autre. (C’était la grande époque des controverses catholiques sur la peine de mort.) Peut-être le Créateur, au moment du jugement dernier, formulera-t-il une sentence plus nuancée que ne le prévoyait notre aumônier. Peut-être départagera-t-il les deux hommes historiques que l’abbé Galipeau, aiguillonné par le démon de la dispute, croyait devoir renvoyer dos à dos… Au vrai, personne ne peut savoir quel verdict le Bon Dieu, révulsé par la peine de mort, pourrait être amené à prononcer dans un cas de ce genre… Mais le constat d’une culpabilité partagée par moitié entre le führer et le héros du 18 juin, n’était pas du goût de nos camarades gaullistes qui s’offusquèrent de voir diffamer leur grand homme, et, médusés, attendirent le cours suivant avant de faire officiellement un éclat.

(à suivre)

lundi 5 août 2013

L'Abbé Galipeau (suite n°I)

En classe de seconde ou de première, l’abbé Galipeau avait centré une partie de son enseignement sur la question, devenue capitale aux yeux des pédagogues catholiques des années 60, du Sens chrétien du corps. On imagine sur ce sujet les réactions d’un public de jeunes gens en pleine adolescence… Les plaisanteries grasses fusaient, les ricanements s’étouffaient derrière les classeurs, les pantomimes de mauvais goût se répondaient d’un coin à l’autre de la salle de classe. L’abbé qui ne pouvait pas ne pas se rendre compte de ces dispositions d’esprit guillerettes, prenait une mine de martyr exténué, comme si nos facéties n’avaient eu d’autre visée que de le larder de mille traits au plus sensible de son être.

Nous sentant mal jugés, et persuadés que l’angle chrétien adopté par nos fiches de catéchisme pour l’étude des sens relevait d’une grotesque incongruité, nous continuions à nous relâcher de plus belle. L’entrainement ne nous faisait pas défaut. Les années précédentes nous avions déjà longuement abordé le problème du flirt avec le père Cottret, un jésuite qui témoignait en cette matière d’une curiosité plus insistante qu’il n’était indispensable. Sanguin, avec la constitution solide d'un paysan, l’abbé Cottret avait une nature violente qui s’accommodait sans doute difficilement du célibat. Tout nous inclinait à croire qu’il disputait là-dessus une lutte âpre dont l’enjeu incertain mobilisait beaucoup de ses forces et de ses facultés de réflexion. Lui-même était un homme simple, d’une rusticité ingénue, qui ne soupçonnait pas que ses considérations sur l’amour, cent fois répétées, trahissaient plus le trouble où il était plongé que l’élévation du moraliste dont il s’appropriait parfois la sévérité de langage. S’il ne s’interdisait pas de parler, selon ses propres termes, de « cochonneries » d’une façon plus ou moins mesurée, c’était invariablement pour en dénoncer les désordres et les dangers. Il revenait avec persévérance sur le sujet, en employant des mots crus qui devaient, pensait-il, lui donner l’allure d’un spécialiste chevronné ; il cherchait aussi, en affichant une rudesse sans détour, à provoquer nos confidences pour en apprendre davantage dans un domaine où son savoir était probablement beaucoup moins étendu qu’il le laissait entendre.

Lancé sur la pente d’une imagination ardente, il échouait à se contrôler et, comme à plaisir, multipliait les maladresses. Il prônait entre filles et garçons une amitié vigoureuse et sans détour. Comme son collègue l’abbé Galipeau, il condamnait la façon indiscrète et lascive dont certains « jeunes » dansaient le slow… Il évoquait avec courroux deux amoureux qu’il croisait chaque matin dans une rue proche de son domicile, en train de s’embrasser « sur les lèvres » et qui « mêlaient leurs langues ». Par quelle ruse de Sioux le digne prêtre était-il parvenu à s’assurer de ce dernier détail qui lui paraissait – comme à la plupart d’entre nous d’ailleurs – le sommet de la dégoûtation ? Nous n’avons pas songé à le lui demander mais, quoi que la science des comportements amoureux dût y perdre, sans doute aurait-il mieux fait pour notre édification de détourner chaque matin pudiquement le regard.

Il nous raconta une autre fois que sa cousine, « une forte fille, bien portante et carrément plantée », après avoir témoigné de la gêne et être devenue « rouge comme une pivoine » - ce dont il s'était bien sûr rendu compte - l’avait finalement « plaqué contre l’armoire » qui se dressait dans la chambre où elle lui avait demandé de la suivre. Un courant de silencieuse exultation parcourut nos bancs à l’énoncé de ces roides préliminaires ; nous nous attendions à la classique scène d’amour entre cousins dans l’obscurité d’un placard dérobé. Mais la belle n’avait recouru à cette diplomatique entrée en matière que pour annoncer ses fiançailles à son cousin. À quoi le malheureux collatéral, bloqué entre elle et l’armoire, avait répondu que ce sont des choses bien naturelles dont il ne faut pas avoir honte, mais qu’il faut au contraire être fier de ses sentiments lorsqu'ils sont purs etc.

Le thème épineux de l’amitié garçons/filles fut fatalement lancé sur le tapis. L’amitié peut-elle naître, entre un garçon et une fille, sans ensuite se transformer et céder la place à un sentiment plus intime, plus tendre ? Le débat n’était pas près d’être clôturé car la majorité d’entre nous n’avait jamais eu l'occasion d'expérimenter ces subtiles nuances affectives ; et, pour rendre l’échange de vues plus insoluble encore, nul ne proposait de définition de l’amitié qui eût permis de s’assurer qu’au moins nous parlions de la même chose. La réponse de ceux d’entre nous qui s’étaient forgé une opinion, était généralement négative… Non, entretenir de simples relations amicales avec une fille n’était pas possible… Mais Gérard Écaude, l’irréductible premier de la classe qui considérait la vie sobrement et sans malice à travers ses lunettes pour myope, prit le parti opposé :

– Pendant les vacances je jouais régulièrement avec des amis et leur sœur était avec nous. Nous nous entendions tous très bien. C’est comme si nous avions été juste entre garçons.

– Et quel âge avait cette fille ? demanda le père Cottret, intrigué de voir sa théorie battue en brèche.

– Dix, onze ans précisa Écaude qui, lui, en avait quatorze et dans cette circonstance n’avait pas grand mérite à être resté maître de ses pulsions, d’autant qu’il était à peine pubère…

(à suivre)

dimanche 4 août 2013

L'Abbé Galipeau

L’abbé Galipeau était aumônier au lycée Boileau dans les années 60 et au début des années 70. Ses vues progressistes enchâssées dans l’exercice conventionnel de la prêtrise, faisaient de son ministère un reflet du conformisme catholique de cette époque. Il mérite à ce titre que j'en dise quelques mots.

C’était un homme encore jeune, de complexion un peu grasse sans être gros, avec une tête ronde surmontée d’une brosse qui lui donnait une expression à la fois naïve et soucieuse. À défaut de caractéristiques originales, la dominante de sa personnalité tenait à la fadeur d’une allure mal définie dont la description, par manque de substance, se résume à un constat objectif de l’humeur, de la corpulence et de la tranche d’âge. Débordé par sa tâche, l’abbé Galipeau promenait dans les couloirs du lycée Boileau dont il était l’hôte à peine toléré par un corps enseignant généralement hostile à la religion, ou au mieux indifférent, une solitude désabusée qui ne plaidait pas en faveur des joies du sacerdoce. Les cours d’« éducation religieuse » qu’il donnait aux lycéens de tous niveaux étaient trop nombreux et le fatiguaient ; on sentait en lui une résistance physique rapidement à bout. Il lui manquait les ressources d’une autorité naturelle qui seule, en l’absence d’un appareil disciplinaire capable de le soutenir, aurait pu calmer les gamins turbulents auxquels il devait enseigner les rudiments de l’histoire sainte et les principaux articles de la foi catholique. Il parlait doucement, d’une voix transparente qui n’accrochait pas, faute d’intonations et de timbre ; il ne savait pas trouver la note franche et directe avec laquelle atteindre la sensibilité, souvent fruste, des garçons qui constituaient son auditoire.

Le ton viril, la fermeté cordiale, la plaisanterie un peu désinvolte qui l’auraient fait accepter, n’étaient pas dans sa nature. La cuirasse lui faisait pareillement défaut ; au lieu de prendre les facéties de ses élèves pour ce qu’elles étaient – l’expression d’un besoin de dépense physique difficile à réfréner tout au long d'une journée de cours – il les interprétait comme un désaveu personnel et y découvrait autant de vexations préméditées à son endroit. Sans doute lui-même avait-il été en son temps un enfant délicat et paisible qui peinait aujourd’hui à se reconnaître dans les phases fébriles dont ses classes de catéchisme lui donnaient cycliquement le spectacle. Il résultait de cette méprise une incompréhension mutuelle. L’abbé Galipeau avait beau nous appeler par le prénom et nous tutoyer, procédé rarissime au lycée, aucune confiance, aucune sympathie n’arrivait à naître à son contact, brouillé par sa timidité et les blessures d’un amour propre toujours piqué.

En classe de sixième et de cinquième nous devions apprendre sous sa direction les éléments d’un catéchisme naturaliste qui lorgnait délibérément du côté de la doctrine sociale. Rien n’était plus rébarbatif pour un enfant (contrairement à l’idée que s’en faisaient les auteurs) que ces volumes sentencieux où les préceptes des Ecritures étaient de bout en bout réquisitionnés pour illustrer, dans leur application positive, les gestes mécaniques d’une réalité rendue sous son jour le plus tristement ordinaire. Arides lectures qui prétendaient restituer aux enfants un décor familier, tout rempli de chenapans dépenaillés, de vieilles femmes usées et d’ouvriers en bleu de travail tapant le carton devant un litre de rouge ; où le tableau de la banlieue industrielle tenait lieu de condensé d’humanité, exaltée avec une hypocrite bienveillance qui se gardait de déceler les lèpres, les dartres, les faussetés morales que la pénurie matérielle abrite aussi bien que l’abondance des nantis. Ces brochures pieuses qui exhibaient la condition des miséreux comme une représentation de l’esprit de pauvreté louangé par les évangiles, n’avaient pas pour propos de combattre la gêne ou l’indigence absolue. En fait, on ne les aurait pas autrement conçues si elles avaient eu pour but d’ancrer dans le cerveau des enfants le poncif idéalisé de la vulgarité entendue comme une référence de probité et peut-être même haussée au rang d'une valeur esthétique à célébrer. C’était la « télé », le « ciné », les « copains », le samedi après-midi, le café, la table en formica, le père qui revient de l’usine, tout un canevas de la vie simple et quotidienne sur la trame duquel les éditions catholiques brochaient la légende dorée des vertus journalières et chrétiennes des années 60. L’anoblissement de cette banalité palpable, qui revêtait les apparences d’une vérité révélée, débouchait sur des pétitions politiques dont la réussite, comme la suite le démontrerait, n’avait rien à attendre de l’homélie religieuse et des commandements de la foi...

Voilà à quoi ressemblait la littérature pieuse dont nous étions abreuvés à l'âge de dix ans : elle menait à un culte des réalités premières qui devait suffire à combler les inquiétudes spirituelles que nous ressentirions, une fois adultes, et à nous apprendre, contre tout risque de repliement intérieur, les vertus dominantes du pragmatisme social.

Il va sans dire que l’abbé Galipeau ne remportait pas grand succès avec ses histoires de voyous et de commères. Ces anecdotes, rendues par sa voix, faisaient penser, dans la nuance opalescente de son verbe incolore, à une page de Bruant lue par la paroissienne d'un quartier bourgeois. Issu d’une famille aisée, entré dans le clergé après quelques années d’exercice de la profession d’avocat, son intelligence ne le portait ni à l’audace, ni à l’invention ; mais, docile par tempérament, acquis aux voies nouvelles où l’Eglise s’orientait alors, il acceptait sans censure l'imploration du progrès et des nécessités du monde dont le motif envahissait la conscience chrétienne et bientôt y ferait figure de dogme unique. Les grands thèmes couramment abordés étaient alors : Pour ou contre la peine de mort ? (il était contre) ; L’Eglise doit-elle adopter des positions politiques ? (il était pour) ; La foi existe-t-elle ? (personne, répondait-il ne peut se flatter de la posséder, les plus grands saints ont constamment douté) ; On ne peut juger les hommes sur la couleur de leur peau (étant entendu qu’un indigène africain était excusable d’avoir des préjugés ethniques là où le blanc n'avait pas d'excuse, puisque, qui en doutait ?, les blancs étaient plus civilisés que les noirs.) Les relations garçons/filles (Elles seront franches et fécondes en discussions tour à tour joyeuses et réfléchies. Elles se fixeront un objectif surtout utilitaire, à défaut duquel un catholique aurait l'impression de perdre son temps : confronter les points de vue masculin et féminin et les enrichir réciproquement dans ce qui composera une « expérience positive » et prémonitoire de l'union des deux sexes dans le mariage.)

(à suivre)