jeudi 16 août 2012

La Somme ecaudienne (suite)

Un passage du "LAGARDE ET MICHARD" :


 

 

 

                          UN JEUNE ÉCRIVAIN AMBITIEUX 

 


 

 

On oublie souvent qu'avant de mettre sa plume au service du surintendant Fouquet, Jean de La Fontaine, « le plus grand de nos fabulistes » selon l'heureuse expression d’Emile Faguet, chercha protection auprès de la puissante famille Écaude dont les descendants, un demi-siècle plus tard, en 1703, seront anoblis « par rescrit du Roy et lettres patentes du Garde des sceaux ». Le chancelier Gérard Écaude fut alors son mécène. Ce haut magistrat du royaume qui se piquait d'humanités et d'art, sut par des gratifications judicieuses stimuler la veine créatrice du jeune poète dont l'humeur était trop souvent nonchalante. Pour l'en remercier, La Fontaine lui dédiera sa fable bien connue "Le loup et le jambon" où il inscrivit en filigrane, comme un discret hommage, les prénom et nom de son bienfaiteur, que nous signalons ici par des caractères gras.

 

 

 

 

     Le loup et le jambon.

 

 

 

Certain jour, un loup claquedent

Qui cherchait d'aventure

Quelque accorte pâture

Pour soigner sa faim, en rôdant

Se fit l’hôte d'une chaumière.

Là, par grâce, au plafond,

Un plantureux jambon

Fleuronnait la poutre faîtière.

Le larron voudrait s'en saisir,

Escomptant de cet arrérage

Bonne prime et plein avantage.

Il est au point d'y réussir

Lorsque voici dans l'entrefaite,

Qu'armé d'un grand tison

Le maître de maison

S'invite impromptu à la fête.

Le loup doit céder du terrain

Son dos roussi le brûle ;

Il fléchit ; il recule

Et fuit, délaissant son larcin...

Dépité, la mine penaude,

L'animal conclut à regret,

Le poil ardemment élimé :

J'ai rare écot de ma maraude !

 

 

Moralité :

 

Sachons, grands ou petits,

Régler nos appétits

Pour les cas de disette autant que d'abondance.

— Cette leçon vaut bien un fromage, ma panse ?

 

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